Développement durable au coeur de l'Euregio Meuse-Rhin

euregio_administratif800.jpg
Publié le 19 Déc 2008
Rédigé par 
meyerhe

euregio_administratif800.jpgLiège, vendredi 19 décembre 2008
Ecolo propose la création d’une plate-forme pour placer le développement durable au cœur de l’Eurégio.

Monika Dethier-Neumann, députée wallonne,
Eric Jadot, co-président de la coordination provinciale,
Yves Reinkin, député communautaire,
Bernard Wesphael, député wallon.

Coordination Politique Provinciale de Liège province.liege@ecolo.be 04/232.30.56 Liège, le 19 décembre 2008

Introduction

Transcender les frontières est une démarche vitale pour une région wallonne qui cherche à conforter son redressement et à se forger un nouveau destin. Liège a plus que jamais la volonté de se relever dans le contexte d’une crise socio-économique de plus en plus globale. Plus que jamais, il s’agit donc de se redéployer, notamment via des synergies régionales.  
Actuellement, la Wallonie ne dispose pas d’un pôle central auquel elle pourrait s’identifier et sur lequel elle pourrait bâtir son identité et reconstruire sa prospérité. Il n’y a pas en Région wallonne d’équivalent au moteur économique et culturel qu’est Anvers pour la Flandre.
En Belgique, il y a deux pôles économiques d’envergure : Anvers et Bruxelles. Mons et Mouscron sont attirés par la métropole lilloise ; le Sud-Luxembourg est aspiré par la prospérité grand-ducale ; Liège approfondit ses relations avec Anvers et, grâce à l’intégration européenne, la Cité ardente retrouve peu à peu ses liens historiques avec la Regio Aachen et les Limbourg belge et hollandais.
Les grandes villes wallonnes sont attirées au-delà des frontières de la Belgique, ce qui est loin d’être négatif pour une économie essentiellement exportatrice, dont la vocation est de profiter des opportunités qu’offre la coopération transfrontalière.

Ecolo souhaite la réussite de la construction européenne et se réjouit des succès de la coopération transfrontalière. Mais les verts attendent que celle-ci dépasse le cadre de la recherche de marchés à conquérir afin que se développe un véritable sentiment d’appartenance au sein de la population. Pour Ecolo, ce défi se cristallise particulièrement au sein de l’Euregio Meuse-Rhin. L’Euregio, laboratoire de l’Europe de demain. Espace transfrontalier à la jonction de trois pays, l’Euregio est un véritable laboratoire de ce que pourrait être l’Europe de demain. Cette entité manque cependant de visibilité auprès des citoyens.
Selon Ecolo, c’est en rapprochant l’entité « Euregio Meuse-Rhin » des citoyens qui la compose – c’est-à-dire, en renforçant sa dimension démocratique –, que nous nous doterons d’un outil de légitimation de la construction européenne.
Ecolo souhaite que le fait eurorégional devienne un état d’esprit qui se traduise en des manières de penser et d’agir sous forme de dialogue permanent, de concertation et de complémentarité entre personnes de langues différentes, par-delà les frontières politiques et administratives, sur tous les sujets d’intérêt commun ou susceptibles d’avoir un impact transfrontalier. Cela, dans la perspective d’un véritable développement durable, soucieux de placer l’être humain et son environnement au cœur de ses préoccupations.
C’est possible pour autant que l’écologie politique soit le fil conducteur des projets eurégionaux. Espace transfrontalier à la jonction de trois pays –les Pays-Bas, la Belgique et l’Allemagne-, l’Euregio Meuse-Rhin regroupe cinq régions partenaires. Sur une superficie de 10.745 km2, elle compte 3,9 millions d’habitants dont près de 1,57 millions de travailleurs de trois régimes linguistiques différents : –l’allemand, le français et le néerlandais.
Cela fait de cet ensemble un véritable laboratoire de l’Europe de demain, avec ses points faibles (dont les conflits inévitables entre les intérêts particuliers de chaque région et le bien commun de l’Euregio) mais surtout ses incontestables atouts.

Ecolo propose la création d’une plate-forme du développement durable au cœur de l’Euregio Pour Ecolo, la réussite de la coopération eurégionale ne peut se faire sans l’écologie politique, qui est la seule alternative susceptible de répondre efficacement et démocratiquement à l’ensemble des grands défis actuels qui ignorent les frontières politiques et administratives.
Dans ce cadre, Ecolo propose la création d’une plate-forme du développement durable rassemblant plusieurs acteurs actifs dans les domaines prioritaires que sont la mobilité durable, la compétitivité, l’enseignement, la recherche et développement ainsi que la culture. Cette plate-forme permettra de renforcer la visibilité de l’Euregio auprès de nos populations.
Du point de vue des moyens, Ecolo suggère que l’Euregio se dote d’un outil financier de développement.  

  1. Mobilité durable :
    En Belgique, la compétition bat son plein entre les aéroports de Bruxelles, Charleroi et Liège sans que l’on prenne en compte son impact négatif sur la production de gaz à effet de serre et in fine sur le réchauffement climatique. Au sein de l’Euregio, où en est l’approche coopérative entre les trois aéroports régionaux que sont Aachen, Liège et Maastricht ? Tous trois s’inscrivent pourtant dans un triangle d’à peine quarante kilomètres sur soixante. Et l’Euregio est lui-même au cœur d’un complexe d’aéroports internationaux (Amsterdam, Bruxelles, Cologne, Düsseldorf, Luxembourg). L’Euregio Meuse-Rhin pourrait devenir une instance de concertation en matière de politique aéroportuaire. Sa mission serait de promouvoir la complémentarité des activités plutôt que la concurrence, dans la perspective du développement durable et de la lutte contre le réchauffement climatique.
  2. Par ailleurs, dans le débat qui fait rage sur la construction possible d’une liaison autoroutière à l’est de Liège, jamais les autorités liégeoises et wallonnes n’ont admis l’idée que le « chaînon européen manquant » dont ils se revendiquent pour obtenir un financement européen existe déjà avec l’autoroute Verviers-Prüm-Trier. Dans ce cas particulier, comme d’une manière générale, les enjeux fondamentaux liés au développement de la mobilité durable donnent l’occasion à l’Euregio de trouver sa place comme instance de développement d’une mobilité durable, concertée et complémentaire au cœur de l’Europe. Cela, dans tous les modes de déplacement, y compris le transport aérien, en commun (cf. point c. infra) et l’intermodalité.
  3. Rail – Euregiobahn. En ce qui concerne la mobilité durable, le rail joue un rôle crucial. C’est pourquoi il est nécessaire que les transports en commun soient pensés de manière transfrontalière, afin de simplifier la vie des navetteurs qui passent chaque jour d’un pays à l’autre, mais aussi celle de tous les citoyens, afin que le rail soit une véritable alternative à la voiture, accessible à tous. Les déplacements entre les entités de l’Euregio doivent être facilités. L’Euregiobahn doit être aménagé au sein de l’Euregio.
  4. Aménagement du territoire : implantations commerciales et zones d’activités économiques La mobilité durable est indissociable d’une utilisation écologique et rationnelle de l’espace. Les implantations « opportunistes » de grandes surfaces commerciales déstructurent l’espace et induisent des déplacements massifs de véhicules, peu compatibles avec une utilisation rationnelle de l’énergie. La multiplication anarchique des complexes de magasins d’usine, outlet-malls ou assimilés, fournit à l’Euregio une autre occasion de s’affirmer comme un acteur du développement durable. Ecolo propose que l’Euregio devienne le lieu de concertation où se coordonne et s’arbitre l’implantation des grandes surfaces commerciales sur son territoire. Ce travail commence par la réalisation d’une vaste étude sur les capacités commerciales réelles de la zone, à l’aune de la mobilité et du développement durables. Il en est de même pour les zones d’activités économiques. Ecolo exige que les ZAE soient à la pointe en ce qui concerne les enjeux énergétiques, de mobilité et environnementaux (cf. les Ecoclusters : lorsque la qualité prime sur la quantité). Les zones doivent se développer en adéquation avec leur destination économique pour limiter l’impact sur l’environnement. Ecolo soutient le développement d’un véritable projet de développement social et économique durable au sein de l’Eurégio, au sein duquel les politiques relatives aux ZAE seraient coordonnées à un niveau eurégional.
  5.  Enseignement, recherche et développement L’Euregio Meuse-Rhin bénéficie d’atouts dans le domaine de la formation et de la recherche. Près de 100.000 étudiants fréquentent ses 5 universités1 et ses écoles supérieures. L’Euregio Meuse-Rhin compte également près de 300 centres de recherche ainsi que quatre centres hospitaliers universitaires. Dans ce domaine aussi, Ecolo considère que les instances eurégionales peuvent développer un rôle moteur de mise en commun et de collaborations pour autant qu’elles souhaitent se donner les moyens de catalyser les énergies et les moyens disponibles ou à mobiliser. Mais par-delà l’enseignement supérieur et la recherche, l’Euregio ne peut-il devenir partenaire dans la nécessaire réflexion d’une politique différenciée en matière d’enseignement technique et professionnel sur les territoires qui sont les siens ? Tout en gardant bien entendu les normes de cet enseignement au sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles, des adaptations ne pourraient-elles être mises en réflexion suite à la réalisation d’un cadastre des formations, de la mise en perspective des manques et des redondances trop marquées. Ce travail devrait se faire en collaboration avec les PO, les directions et les comités subrégionaux de l’emploi. Dans le même esprit, une réflexion avec les acteurs de terrain devrait être menée quant à l’apprentissage des langues dès le plus jeune âge. Ici encore, ne devrait-on pas être attentif à renforcer l’apprentissage de l’allemand dans l’arrondissement de Verviers et du néerlandais dans celui de Liège ? Des initiatives intéressantes voient le jour. Il s’agit de les étudier et de les soutenir davantage. Les échanges d’enseignants seraient, en ce sens, une politique à dynamiser.
  6. Euregio : un potentiel culturel à promouvoir
    a) Un projet culturel transrégional d’envergure. Ecolo tient à promouvoir l’unité eurégionale par-delà la diversité au sein d’un projet mobilisateur de longue haleine, où les grandes villes sœurs pourraient jouer un rôle capital en matière culturelle. Les débats à ce propos battent leur plein en ce moment, à Liège comme à Maastricht. En octobre dernier, les partis verts ont donné leur accord unanime pour soutenir la candidature de Maastricht comme Capitale européenne de la Culture en 2018. L’actualité récente nous permet d’espérer Liège accueillera une exposition internationale en 2017. Ne peut-on pas souhaiter d’avoir Hasselt comme capitale culturelle en 2021 et, en apothéose, Aachen, en 2024 ? Dans cette perspective, Ecolo propose que l’Euregio lance dès aujourd’hui un vaste projet culturel transrégional, pensé et muri au travers de nos acteurs de terrain et espaces culturels de tous niveaux dont la réalisation s’étalerait sur un minimum de dix ans. Il donnerait non seulement à l’Euregio une visibilité exceptionnelle à l’échelle de l’Union européenne, mais aussi l’incarnerait dans nos populations et permettrait une meilleure redécouverte mutuelle des différentes composantes géographiques et humaines de l’Euregio, d’Est en Ouest et du Nord au Sud. Il va sans dire qu’une telle initiative stimulerait les initiatives privées et l’activité économique sous toutes ses formes au sein de l’Euregio. Ecolo entend porter ce projet cadre devant les instances eurégionales via l’intervention de nos représentants.
    b) Tourisme durable Le programme RAVeL permet de valoriser un tourisme proche de la nature. Vu les changements climatiques, une autre manière de faire tourisme devient de plus en plus importante : plus régionale et douce. Le programme RAVeL est prédestiné pour cela. Cela vaut la peine d’établir et d’aménager des pistes cyclables. Pour que la commercialisation du RAVeL réussisse, des infrastructures d’accompagnement (pour animer le cyclotourisme) doivent être créées. Un bon exemple est la « Vennbahn-route », un projet préRAVeL, sur l’ancienne ligne de la Vennbahn et qui traverse trois pays (Belgique, Allemagne, Luxembourg). Des moyens d’Interreg IV ont été attribués pour cela. L’Euregio pourrait jouer un rôle essentiel dans ce cadre. Il en est de même pour le développement d’un tourisme durable au Parc National de l’Eifel, qui, rappelons-le, se situe en Allemagne, à la frontière des Pays-Bas, de la Belgique et du Luxemburg.

    interreg800.jpgc)Un invest eurégional Toutes les propositions citées ci-dessus demandent des moyens financiers. Le programme opérationnel INTEREG IV-A Euregio Meuse-Rhin 2007-2013 est financé par le FEDER. Approuvé en septembre 2007, il mobilise 144 millions d’euros, dont 72 sont à charge du budget européen et 66,4 en cofinancement national, le reste (5,6) venant du privé. Les montants ne sont pas négligeables, mais on ne peut oublier les conditions pénibles dans lesquelles fut négocié en 2006 le volet budgétaire européen pour la période 2007-2013 et son caractère étriqué au vu de l’étendue des besoins à l’échelle de l’Union. C’est pourquoi, Ecolo propose que l’Euregio se dote d’un outil financier de développement, un invest eurégional, cofinancé par les partenaires publics, les budgets européens et le privé, dont la mission sera de soutenir les projets transfrontaliers impliquant au moins trois régions membres et s’inscrivant dans le développement durable, les technologies propres et la lutte contre le réchauffement climatique. Le débat sur les moyens de l’UE, les eurégionalistes devront le mener à tous les niveaux de pouvoir : local, provincial, régional, national et européen. Pour cela, ils devront s’imposer pour porter la question du financement du budget et de l’impôt européens. La crise financière actuelle risque de rendre le débat plus âpre encore, mais Ecolo la voit comme une opportunité de faire progresser son projet de société et de remettre le monde de la finance à sa juste place, au service de l’économie réelle et du développement durable.

    Conclusion :

    Un débat fondamental : quelle Europe voulons-nous ? A six mois des élections européennes, Ecolo entend mener un véritable débat de fond sur l’Europe que nous voulons. Les élections de juin 2009 seront à cet égard capitales, car elles détermineront les rapports de force politiques à l’échelle du continent, alors que s’annoncent des discussions homériques, qui déboucheront sur la définition de paradigmes qui régiront notre vie pour les trois ou quatre prochaines décennies. Qu’à cela ne tienne, Ecolo est prêt à relever les défis qui s’annoncent.